Uber en France en juin, c’était un psycho-drame comme les français les adorent (de moins en moins ?). Voitures brûlées, violences, mise en examen des dirigeants.
Mais le plus gros problème d’Uber ne réside pas à mon avis dans les attaques des chauffeurs de taxis et des gouvernants. Le pb central d’Uber c’est… L’assurance.
Les premiers problèmes en la matière sont apparus en Californie. Le refus des assureurs de consentir des garanties qui ne concernent pas les utilisations commerciales d’une voiture assurée à titre privé ont mis en évidence les limites du système Uber. C’est ainsi qu’est apparue la nécessité de couvrir les véhicules dans une société qui ne peut vivre sans assurance.
Après de longs débats, le Parlement de Californie a imposé une couverture d’assurance. Ainsi depuis cette année, Les conducteurs Uber californiens doivent être couverts dès qu’ils répondent à une demande de coursev. Lors de la prise en charge du client, la couverture est portée à $1mn.
Et l’histoire n’est pas différente avec les autres « uberisations » : dans le cas de Airbnb, le site français évoque l’assurance et conseille fortement à chaque propriétaire de vérifier avec son agent d’assurance les garanties responsabilités civiles et accidents à domicile.
Loin d’être un frein à l’assurance, « l’uberisation » semble être un déterminant de l’innovation dans ce domaine et une source de nouveaux revenus.
En rendant multiforme l’utilisation du bien l’uberisation rend plus complexe son assurance et cette complexité va certainement favoriser le rôle des intermédiaires.
Si la couverture d’une voiture de particulier utilisée de manière simple a atteint une maturité permettant une couverture standardisée, elle a aussi diminué le rôle de l’agent et favorisé des distributions directes. Il n’en sera sans doute pas de même avec cet éclatement de l’usage des biens.
L’uberisation change les concepts mêmes d’utilisation des propriétés des individus (voitures, appartements…) Ces nouvelles utilisations réclament de nouvelles définitions, de nouvelles couvertures, de nouvelles assurances. Elles rendent aussi conscients des couvertures déjà présentes dans les contrats. Elles redonnent au detail des garanties une importance qu’elles avaient perdues.
Il en va donc de l’uberisation comme de tous les grands progrès : ils déterminent la fin de certaines professions mais ils créent aussi des opportunités nouvelles. Ici ils favorisent les métiers qui gèrent la complexité créée par de nouvelles règles. Les agents et courtiers font partie de ces métiers à mon avis.
Est ce à dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes des assureurs ? Non sans doute pas. A un moment où les assureurs doutent de leur avenir, où l’on parle de disparition de l’assurance auto sous les coups de butoir de la voiture assistée puis autonome, où les taux d’intérêts bas remettent en cause le modèle de l’assurance vie traditionnelle, ces éléments viennent toutefois nous rappeler que la technique de l’assurance est absolument nécessaire au développement et à l’activité des sociétés modernes.
Mais ils illustrent aussi un curieux paradoxe. Les nouvelles technologies de l’information, vu comme beaucoup comme la mort du vendeur pourraient ne pas avoir des conséquences si simples en assurance. Si l’on peut facilement parier sur le transfert de certaines opérations de gestion vers le client, la complexité croissante des besoins induits par l’uberisation pourrait renforcer le rôle des réseaux traditionnels en assurance.