Unités de compte vertes : pourquoi faut il les « imposer » dans la gamme des assureurs ??

La loi Pacte a été adoptée. Elle comprend un volet « assurance » et comme toute nouvelle loi en matière d’épargne, elle suscite des espoirs chez les opérateurs, banques, assurances, intermédiaires financiers. Et comme toujours cette loi amènera son lot de joies et de peines, ses succès et ses échecs, mais il est évidemment trop tôt pour tirer des conclusions.

Le ministre des Finances nous l’a dit, tous les produits précédents n’étaient ni assez souples, ni assez transparents ni assez performants… Tous défauts désormais disparus, comme d’ailleurs les précédents ministres nous l’avait promis dans les précédentes lois. Désormais dans les twits du Ministres du 25 octobre 2019, le contrat euro croissance est « plus simple, plus flexible et plus lisible » alors que les PER « sont plus simples, plus souples et plus avantageux »…

Nous nous arrêterons aujourd’hui sur un seul élément de la loi et qui concerne les unités de comptes. Comme l’a twitté le Ministre le 25 octobre 2019 : « La loi #PACTE impose aux assureurs de proposer des assurances-vie en unités de compte vertes et solidaires. La finance sera verte ou ne sera pas. »

Il manque évidemment le point d’exclamation à fin du twitt qui lui aurait donné tout le caractère martial d’une déclaration de guerre à la finance actuelle, condamnée à verdir ou à mourir. La devise du Ministère des finances sera désormais « la verdure ou la mort! »

On s’étonnera plutôt du « la loi impose aux assureurs ». Pourquoi la loi doit-elle imposer aux assureurs de proposer des unités de compte vertes et solidaires ? Pourquoi diable les assureurs doivent-ils être forcés à proposer ?

Il ne s’agit pas même ici d’une obligation de vendre, mais seulement d’une obligation de proposer. Voilà donc des assureurs qui, spontanément, ne jugeraient pas utiles de proposer des unités de comptes vertes ? Voilà des assureurs qui ne voudraient pas volontairement étendre la gamme des choix proposés aux clients ? Alors que l’étendue de l’offre d’unités de comptes est souvent utilisée par les assureurs pour vendre leurs contrats, voilà que par un étrange hasard, ils refuseraient avec obstination de proposer des unités « vertes », à tel point que le gouvernement doive recourir à la loi non point pour qu’ils en vendent mais seulement pour qu’ils en proposent.

Le cas est d’autant plus étrange qu’il n’est pas d’assureur qui aujourd’hui ne proclame haut et fort son attachement à la « responsabilité sociale et environnementale » à longueur de conférences, interviews et rapports annuels.

Risquons une explication modeste : les clients en viendront sans doute d’eux-mêmes à acheter des produits « verts ». Il est même fort probable qu’ils en demandent déjà à leurs assureurs qui ne les leur refusent pas. Le Ministre impose donc ce que le marché est peut être en train de choisir volontairement…

Le twitt du Ministre ne serait alors qu’une application supplémentaire de la célèbre phrase de Cocteau : « puisque ces mystères nous dépassent, feignons d’en être les organisateurs ».

Les contrats euros doivent garantir… moins.

Nous avons déjà parlé dans ce blog des craintes exprimées ces dernières semaines et mois par les assureurs vie en ce qui concerne le contrat en euro.

Ayant découvert récemment l’inéluctabilité des taux négatifs, conséquence naturelle, et prévisible de longue date, de l’émission monétaire débridée des banques centrales, certains vont désormais jusqu’à parler de supprimer les contrats en euros de leur gamme…

Ces réactions sont sans doute marquées de la volonté de montrer aux marchés que l’on va traiter le problème. On peut cependant parier qu’aux premiers bruits de chute du chiffre d’affaire, sans doute fort probable, résultant de ces déclarations définitives, on en viendra à des mesures plus raisonnables.

Au rang de celle-ci il y a évidemment l’aménagement de produits en euros afin qu’ils ne garantissent plus 100 % des primes versées, mais 90%, 80% ou tout autre chiffre. Cette solution a l’avantage de la simplicité puisqu’il s’agit seulement de modifier un ou deux articles des conditions générales. Elle permet aussi à l’assureur de retrouver des marges de manœuvre pour obtenir de meilleur rendements, puisque la contrainte pesant sur les gestionnaires diminue.

Ces solutions existent déjà sur le marché, avec des fonds ne garantissant qu’une part du capital versé.

Le taux négatif pose évidemment des problèmes de compréhension. L’analyse traditionnelle du taux comme indicateur de préférence pour le temps implique que le taux négatif indiquerait une préférence pour le futur (un euro de demain vaut plus) qui remplace la préférence pour le présent (un euro de demain vaut moins). Ce raisonnement est très contre-intuitif pour des générations dont la « normalité » était la préférence pour le présent. On n’a pas fini de tirer les conséquences de cette idée. Nous en reparlerons dans un prochain article.

Mais l’important est que les clients affrontent un monde (à mon avis déréglé par des banquiers centraux inconséquents, mais ce n’est pas le problème) où aujourd’hui vaut plus que demain. Ainsi garantir 90% de la valeur de leur épargne plutôt que 100 % est tout à fait logique. L’explication sera tout à fait évidente pour les épargnants le jour où les banquiers, pour les remercier de les avoir sauvés il y a dix ans, leur feront payer leurs dépôts.

Ainsi l’assureur doit-il proposer à ces clients en priorité non pas des contrats en unités de compte ou même des contrats euro-quelquechose, mais plutôt des contrats à garantie négative. Ce faisant il maintiendra sa vocation qui réside d’abord dans la garantie des engagements, fut-elle négative. Il maintiendra ainsi toutes les garanties du contrat euro, disponibilité, garantie, et sans doute rendement intéressant, évalué par rapport à un taux sans risque négatif.

Si cette solution simple n’est pas retenue on pourra en déduire que l’assureur vie poursuit peut être d’autres buts dans la mise en place de produits alternatifs à l’Euro?