Retraite: les réassureurs des fonds de pension ont-ils une formule magique ?

On attribué à tort ou à raison à Brecht la phrase : "là où la prière ne peut plus l'assurance peut encore". Il semble qu'aujourd'hui avec la longévité on en soit arrivé à "là où l'assurance ne peut plus la réassurance peut encore."
Depuis la crise la situation des fonds de pension semble de plus en plus simple à saisir : trop d'engagement et pas assez d'actifs et de rendements pour y faire face. La situation est particulièrement difficile pour les régimes dits à prestations définies mais les régimes à cotisation définies n'y échappent pas non plus.

Les chiffres sont vertigineux, et les actifs manquants se chiffrent en milliard d'euros, dollars, livres etc…

Devant cette situation les pouvoirs publics appliquent un peu partout la même politique, celle bien connue de l'autruche qui est de loin leur politique favorite ; et après que l'on eut décortiqué les savants aphorismes derrière lesquels ils camouflent leurs attitudes on en revient dans tous les domaines à cette triste vérité que le "kick the can down the road" leur sert d'horizon indépassable. On aurait pu attendre des opérateurs privés un peu plus de responsabilité. En fait pas vraiment.

La première phase de la manœuvre a consisté pour eux à cacher l'absence de financement nécessaires derrière les hypothèses actuarielles : faire semblant que les rendements des actifs seront à long terme au delà de 4 pour cent offre le double avantage que dans le long terme nous seront tous morts et abaisse sensiblement l'addition. La deuxième phase consiste à refuser toute mesure un tant soit peu contraignante à court terme. Le refus de solvabilité 2 sous des prétextes divers et variés a permis d'éviter une contrainte de fer qui eut obligé à une recapitalisation rapide des fonds que les entreprises (les sponsors) n'étaient pas prêtes à accepter.

L'ultime étape consiste à s'en remettre à la reassurance pour combler les insuffisances et là on reste un peu interdit, car par quel miracle les réassureurs sont ils en mesure de compenser les trillions absents de la caisse? (On remarquera cependant et pour être complets que les reassureurs dits professionnels participent modérément à ce marché plutôt occupé par de nouveaux opérateurs)

Comment diable ces opérateurs sont ils capables de transformer le plomb des engagements du passé en or du présent ? Comment faire alors que les bases statistiques sur l'espérance de vie futures des générations actuelles sont encore limitées ?

La clé réside peut être dans ce qui est devenu une pratique habituelle du monde financier et qui a été décrite par Warren Buffet dans un rapport annuel de 1997 décrivant les risques des marchés d'assurance catastrophes : "When the stakes are high, an expert can invariably be found who will affirm — to return to our example (the odds of throwing a 12 with a pair of dice) — that the chance of rolling a 12 is not 1 in 36, but more like 1 in 100. (In fairness, we should add that the expert will probably believe that his odds are correct, a fact that makes him less reprehensible — but more dangerous.)"

Sur base de ces expertises, des milliard de réserves ont été transférées en 2015. Au nom de ces expertises on continue à transférer les retraites à venir des membres des fonds de pension. A court terme tout le monde y trouve son compte, États, sponsors et gestionnaires des fonds qui se débarrassent d'un problème, réassureurs qui augmentent leur chiffre d'affaire. A long terme on peut en douter.

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