Montera, montera pas … le chiffre d’affaire de l’assurance automobile ?

Ca y est, les annonces des derniers mois ont donné le ton : l’heure est pour les assureurs à la remonté des tarifs d’assurance automobile des compagnies. Moindre baisse voire légère reprise de la sinistralité, rapport sinistres à primes qui se dégradent, rendements financiers plus aléatoires, tous les ingrédients de justification sont là. Mais nous le savons tous, il y a souvent loin de la volonté de hausse des tarifs par les compagnies à la réalité de l’augmentation des primes sur le terrain.

La transmission des hausses tarifaires au marché est soumise à plusieurs filtres : la politique d’augmentation segmentée qui peut mettre la compagnie hors marché sur une partie de son portefeuille ; les politiques « commerciales » offrant aux bureaux et agents la possibilité de moduler le prix pour telle ou telle catégorie de client. Elle est aussi soumise aujourd’hui à une nouveauté de poids : l’Internet et ses conséquences en matière d’information sur les prix.

La segmentation accrue :

La sophistication des segments tarifaires n’a fait que croître au cours des dernières années : le terme « augmentation de tarif » recoupe de plus en plus une réalité contrastée. Plus encore qu’autrefois, le tarif n’est pas augmenté globalement mais par segment de clientèle. Cette caractéristique n’est certes pas nouvelle mais combinée à la transparence accrue des informations tarifaires grâce à internet, elle rend la compagnie encore plus sensible aux augmentations relatives par segment qu’aux augmentations absolues. Premiers bénéficiaires de cette politique : les bons conducteurs, les fameux 50 % de bonus dont le segment fait l’objet de l’attention de tous les assureurs ces dernières années.

Les politiques commerciales :

C’est une des parties les plus difficiles à mesurer de l’équation de transmission des tarifs au marché. La possibilité de moduler le tarif dans le réseau est plus qu’un simple outil commercial, elle est aussi parfois un outil de sélection des risques permettant au vendeur d’exercer une fonction, certes limitée, de souscription. De manière générale, la politique commerciale atténue toujours l’impact des augmentations. Avec l’internet un phénomène nouveau est apparu qui exerce une pression supplémentaire pour éviter la baisse des tarifs : le prospect/client arrive désormais en agence avec les devis de la concurrence.

L’internet :

Si les deux phénomènes précédents font sentir leur influence depuis longtemps sur le marché, c’est la première fois que les assureurs réalisent en France une opération de hausse des tarifs dans un univers où Internet joue un rôle important. Et nous l’avons vu dans les deux paragraphe précédents, l’influence d’Internet, non pas comme outil de vente, mais comme outil d’information va sans doute limiter, déformer la transmission de la politique de prix vers les marchés. On peut aussi ajouter que si la tacite reconduction est maintenue, la loi Châtel donne aux assurés un délai pour comparer les primes après réception de l’avis d’échéance.

Peut être les éléments précédents ne joueront ils pas et la quasi unanimité des messages des assureurs concernant la hausse des tarifs, couplée à une concentration du secteur qui réduit le choix de l’assuré, permettront une transmission « à près de 100% » des hausses au marché. L’analyse précise des renouvellements de cette année et des années prochaines permettra de répondre à cette question. Si la réponse était positive, le modèle d’affaire de l’industrie pourrait en être lourdement impacté.