Et si le contrat d’assurance vie en Euros était le vrai produit de retraite français ?

Le débat sur les retraites privées et personnelles a été tellement long en France que les français, peuple plus actif que ne le soupçonnent leurs dirigeants, ont entrepris depuis des années de résoudre seuls le problème grâce au contrat d’assurance vie en euros.

Pendant que les hommes politiques se perdaient dans les débats souvent stériles sur la retraite obligatoire et sur les troisièmes piliers, les français sans bruit faisaient de l’assurance vie l’outil principal d’accumulation pour leurs vieux jours. Qu’on ne s’y trompe pas, la duration moyenne des contrats, leurs montants cumulés en font un équivalent aux fonds de pension et autres régimes des pays qu’on nous montre parfois en exemple : les 1600 milliards des provisions d’assurance vie en France ne font pas pâle figure en face des sommes accumulées sur les fonds de pension étrangers.

Les français ont donc un véhicule pour mettre de l’argent de côté à long terme. Ce véhicule leur plait et ils ont continué à lui être fidèle malgré la baisse de rendement. En février 2018 le contrat en euros représente encore plus de 2/3 des primes d’assurance vie collectées en France.

Mais si cet engouement ne fait pas de doute dans la population, le produit a acquis chez certains dirigeants d’assurance et hommes politiques une étrange réputation : contre toutes les apparences, ils ont décidé que ce n’était pas le véhicule adéquat pour constituer une épargne à long terme…

Cette croyance auto entretenue est la source de ces innombrables initiatives qui n’ont débouché sur rien ou sur si peu. Plutôt que de prendre acte de ce succès et de réfléchir à l’amplifier sur la même base, voilà gouvernements, fédérations, compagnies embarqués dans la recherche effrénée de solutions nouvelles, du produit parfait… En assurances comme ailleurs on a l’impression que les gouvernants négligent trop les signaux que leur adressent les citoyens.

J’ai souvent décrit dans ces colonnes ces mouvements inutiles qui relèvent de la contraposée du célèbre diction anglais « if it ain’t broke, don’t fix it ». L’arrivée du President Macron et de son gouvernement n’y a rien changé. Et la commedia non è finita : relifting de l’euro croissance, création de l’Euro bonifié, promesse des compagnies qu’on vendra le nouveau produit… tirades officielles cent fois entendues…

Quelle est alors la solution à proposer ?

J’en hasarderai une, fondée sur le constant précédent : cessons de vilipender le contrat euros, cessons de dire qu’il ne remplit pas ses fonctions, cessons de dire qu’il est dangereux en cas de remonté des taux. Garantissons plutôt son statut de placement à long terme. Faisons le en augmentant sa « viscosité fiscale » en particulier dans les premières années. À l’inverse de ce qu’a fait le gouvernement et dont se sont plaints à bon droit les assureurs, rétablissons une fiscalité pénalisante pour les sorties à court terme.

Tout le monde y gagnera : l’Etat qui augmentera de manière légitime (pour une fois) la fiscalité, les compagnies et leurs réseaux qui pourront continuer à vendre un produit qu’elles maîtrisent bien, l’économie bénéficiera d’un horizon plus long de placement, les clients auxquels on montrera encore mieux l’intérêt de l’engagement long terme tout en gardant la possibilité de sortir à court terme.

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